Elle était nerveuse. Elle avait beau se répéter la scène dans sa tête, maintenant que le moment était venu, elle doutait. Elle s’était pourtant bien répété les choses qu’elle devait dire, les gestes qu’elle devait poser. Elle était prête mais malgré tout, devant lui, elle était intimidée. Elle savait que ce serait difficile mais elle ne pouvait pas reculer. C’est aujourd’hui que ça devait se passer.

 

Les paroles devaient être précises, percutantes, sans hésitation. Elle se devait d’être convaincante, de jouer le tout pour le tout. Alors elle s’approcha lentement de lui, concentrée. Le regard sombre, elle fronça les sourcis puis amorça le dialogue d’un ton ferme. Il lui tourna le dos et ne répondit rien. Elle respecta ce silence quelques instant puis poursuivi. Cette fois-ci, elle sentit son dos et ses épaules se tendre. Et même si elle ne pouvait les voir encore, elle sentit ses poings se reserrer. Elle continua. Soudain, la tension se brisa et il se retourna d’un coup sec, ses yeux fixés sur les siens, les lèvres tendues de rage. Il l’aggripa par un bras puis approcha son visage du sien jusqu’à ce que leur nez se touchent presque. Il la secoua en même temps qu’il répondit à sa première affirmation. Puis, le regard toujours plongé dans le sien, chercha une réponse. Elle, les yeux translucides de peur, les cheveux ébouriffés, le souffle court, le cou penchant vers son poing retenu prisonnier par sa main puissante, brava ses yeux. Alors il se mit à répondre en rafale à ses autres affirmations avec encore plus de colère. Il ne lui parlait plus désormais, il lui criait ses injures. Elle éloignait à présent le plus possible son visage du sien en regardant vers l’arrière et essayant de se protéger de son autre main.

 

En larme, elle le supplia d’arrêter. Sous sa force elle était maintenant presque à genoux. Fou de rage, il la retint quelques instants puis la laissa tomber sur elle-même en la rejetant d’un geste brusque. Il s’appuya sur ses poings au-dessus de la table. Ses cheveux retombaient sur son front perlé de sueur. Il alletait. Il reprenait ses esprits si tant soit peu cette façon de dire peut être utilisée.

 

Le visage collé au plancher, ses longs cheveux retombant de tous les côtés, elle se releva lentement sur ses hanches. Elle pensa à la suite. D’un geste de tête décidé, elle remena ses cheveux en arrière puis se releva. Debout, le plus droit possible, elle tira son chemisier vers le bas pour le remettre en place et le menton en l’air, d’un air déterminé, acheva ce dialogue. Il prit alors le rebord de la table et la fit voler de toutes ses forces avant de sortir et de claquer la porte.

 

Elle en tremblait presque de soulagement quand le réalisateur cria: “Coupez!”

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