Je marchais depuis un bon moment sur le bord du lac. Tôt au printemps, peu après de début de la fonte des neiges, la municipalité ouvrait les vannes du barrage de la rivière par laquelle l’eau quittait le grand lac sur le bord duquel mes parents avaient une maison de sorte qu’en cette période de l’année, je pouvais presque en faire le tour à pied, en marchant dans la vase temporairement asséchée. Je marchais donc depuis un bon moment quand mes yeux furent attirés par une forme à demi-enfouie dans la vase. Il me semblait, de loin, qu’il s’agissait d’un petit crocodile. Amusé par cette coïncidence, j’entrepris donc de me diriger vers cette forme pour voir de quoi il pouvait bien s’agir. En m’approchant, la forme de crocodile de définissait de plus en plus et il m’était impossible de voir de quoi il pouvait s’agir d’autre. Je me serais plutôt attendu à deviner, en me rapprochant, ce qui pouvait bien avoir été l’objet de ma méprise: un morceau bois, un sac de plastique, un déchet quelconque ressemblant vaguement, de loin, à un reptile miniature. Et pourtant, plus j’avancais, plus cela ressemblait à un crococile. En chemin, puisque cela semblait être de plus en plus un vrai crocodile, je me demandais comment un tel animal avait pu vivre un temps soit peu dans notre lac. Il n’avait manifestement pas survécu à l’hiver, mais quand même, il devait avoir vécu un bout de temps l’été passé. Aurait-il pu être dangereux? Combien de temps a-t-il survécu? Qui a bien pu l’échapper là? Était-ce un accident ou volontaire? Avait-il été jeté dans les toilettes et avait-il aboutit, mort ou vivant, dans ces eaux? Aurait-il pu survivre à l’hiver comme les grenouilles en sont capables? Et après tout, était-il encore vivant?
J’arrivai finalement à l’objet et mon coeur se mit à battre plus fort. J’étais nerveux et sous le choc. Il s’agissait bel et bien d’une forme de crocodile, il n’y avait pas de doute. L’animal était mort par contre car il gisait sur le dos, les pattes vers le ciel, sale et recouvert de vase. Hésitant et confus par cette découverte, je mis quelques instants à sortir de ma stupeur. Je me penchai pour voir de plus près. Je regardai autour pour trouver une branche ou un petit baton avec lequel j’aurais pu retourner l’animal mais n’en trouvai pas. Je ne voulais pas utiliser mes mains car j’avais peur de le réveiller et qu’en se retournant, il me morde. Même si c’était irrationnel, j’avais cette peur. Alors je me remis debout et, du bout de mes bottes de caoutchouc, je retournai d’un coup sec l’animal. Je le vis alors de l’autre côté, tout vert. Mais d’un vert artificiel. Je me penchai à nouveau pour l’observer de plus près. Il s’agissait d’un jouet pour enfant.