Il y avait du bon en lui, seulement, il avait une façon désagréable de le cacher. Personne ne pouvait se douter que derrière ce personnage rustique se trouvait un homme qui aimait ses pairs. Du moins, ceux qu’il avait en estime. Il fallait en effet persévérer pour découvrir ce côté de lui. Peu de gens avaient été assez patients, ou résilients, pour aller au-delà des opinions bien arrêtées exprimées sans demi-mesure. Impulsif et parfois colérique, les conversations n’étaient pas subtiles et défendre une opinion contraire à la sienne demandait du cran et une bonne dose de répartie. Le mieux était de l’écouter, sans répliquer, épuiser ses arguments. Ensuite, acquiescer ou risquer d’exprimer un angle légèrement différent, pour un peu rétablir l’équilibre en étant toutefois prêt à le mitiger si jamais le feu se réanimait… Il s’était fait une idée sur tout aussi était-il difficile de soutenir une conversation.

Cependant, c’était en parlant des autres qu’on découvrait cet aspect méconnu de sa personne. Cet homme avait un respect surprenant des êtres humains. Il voyait en plusieurs hommes et femmes de son entourage des précieux. On découvrait alors des valeurs bien enfouies sous cette apparence rustre. Il respectait par-dessus tout l’intégrité et l’honnêteté. Quiconque démontrait ces qualités pouvait s’en faire un allié indéfectible. Et à partir de ce moment, on découvrait aussi la générosité dont il pouvait faire preuve. Il était prêt à venir en aide à ces gens en toutes sortes de circonstances. À les défendre aussi.

C’est ainsi que je l’ai connu. Maintenant qu’il est décédé, sans surprise, il manque à peu de gens mais pour ma part, j’en garde un souvenir coloré.