Jamais pareille coïncidence n’aura été crue possible. D’une improbabilité si inouïe que même les plus crédules n’y croiraient pas. Des jumeaux, l’un né à minuit moins une et l’autre né quelques minutes plus tard, comme un présage de leur vie qui allaient être si différentes. Comme une démonstration que chacun est capable du meilleur et du pire, tout étant une question de choix. De nos choix. Comme un exemple à suivre et à ne pas suivre, envoyé par l’au-delà.
Diamétralement opposés, comme l’eau et le feu peuvent l’être, ils évoluèrent en contrastes. Le doute, l’assurance; la vertu, le vice; l’humilité, l’orgueil; la pensée, l’impulsivité; la sollicitude, la haine; la résilience, la colère; autant d’antonymes s’appliquant souvent à l’un et à l’autre mais pas nécessairement toujours à l’un ou à l’autre. Chacun ayant sa part de bonté et de ténèbre. Chacun ayant fait des choix différents de nourrir ou combattre ces options.
Trente trois ans plus tard, ces frères se retrouvent au bout de la course. Dans leur ultime choix, celui qui scellera leur sort définitivement, pour l’éternité. Trente trois ans plus tôt, personne n’a jamais sû qu’ils étaient nés non seulement à des années différentes, mais aussi à des siècles, des millénaires et des ères différentes. Au moment exact du passage entre l’ancien et le nouveau monde. À ce moment précis qui allait devenir la référence pour le reste à suivre.
Jouxtant la droite et la gauche d’un homme condamné pour ce qui se serait appelé un crime contre l’humanité quelques deux milles ans plus tard, ils sont eux aussi condamnés pour un crime dont personne n’a été témoin. Dans une grossière mise en scène d’injustice, on les condamne simultanément sans procès pour avoir le malheur d’être d’apparence indissociable, malgré toute leur antynomie d’âme. L’un demande pardon tandis que l’autre condamne autant que ceux qui le mettent à mort.
Ça ferait une bonne histoire à raconter, mais personne ne croirait à autant de coïncidences.