Notre histoire d’amour ressemble à cette plante que je t’ai offerte pour la fête des mères il y a plus de 2 ans maintenant. Je la regarde en ce moment et je considère achever ces souffrances. Au moment où je te l’ai donnée, elle était toute fleurie, le feuillage fourni. De belles et nombreuses fleurs blanches au centre rose foncé se détachaient du fond vert tendre. Elle a d’abord séjourné bien à la vue sur l’îlot de la cuisine, là où elle recevait le plus de soleil et de regards. Le mien du moins. Elle a transité ensuite sur le petit meuble de la salle à manger, celui dont tout le monde se sert pour déposer négligemment ses papiers, ses crayons, ses clés et autres menus objets sans domicile. Je l’ai ensuite sortie de ce coin sombre pour la mener près d’une fenêtre à l’étage, dans notre pièce la plus éclairée. Elle avait déjà commencé à dépérir. Elle avait perdu ses fleurs depuis un bon bout de temps. Une par une, elles se sont détachées. Une par une, je les ai ramassées puis mises au compost. À nouveau dans de meilleures conditions, je me suis efforcé de la remettre sur pied. J’ai coupé les feuilles jaunies, j’ai taillé les tiges plus faibles. J’ai changé la terre et ajouté de l’engrais. Je l’ai arrosée régulièrement. Et je l’ai observée. Malgré mes soins, elle n’a pas repris sa vigueur. Lentement, ses tiges se sont allongées. Il n’en reste plus que trois, toutes étiolées, au bout desquelles seules quelques feuilles subsistent.

Je la regarde lutter pour survivre et c’est notre histoire que je vois. Déformée, asséchée, étirée, la belle plante d’autrefois n’est plus qu’un souvenir. J’ai beau en prendre soin, elle ne fleurira plus. Tu ne t’en ai jamais occupé ne serait-ce que pour l’arroser. Je crois même que si je te le demandais, tu ne te souviendrais pas de cette plante ni de l’occasion où je te l’ai offerte.

Je la regarde tristement et je me dis qu’elle finira bientôt au compost, malgré moi.

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