Héros du quotidien, héros de l’ombre. Ces hommes qui tous les jours s’habillent en travailleurs et endossent leurs responsabilités. Ceux qui pensent aux autres avant de penser à eux. Ceux qui aiment leurs enfants et qui le démontrent en les reconduisant à l’école, en allant aux rencontres de parents et faisant leurs devoirs à tous les soirs. Ceux qui utilisent leur argent pour le bien être de leur famille au lieu de l’investir dans une auto de l’année ou dans des skidoos, quatre-roues ou motos, téléviseurs à écran plat surdimensionnés ou en consoles de jeux dernier cri. Ceux qui sont amoureux de la femme avec qui ils se sont engagés, malgré les années qui passent et les difficultés qui vont et viennent. Ceux qui, par amour et délicatesse, se rasent parfois pour être moins piquant, qui ne font pas de bruit pour la réveiller quand elle s’est endormie avant, qui l’attendent toujours avant de commencer à manger s’ils se font servir le repas, qui bravent les tempêtes pour leur épargner le pelletage et le déneigage, qui sont prévenant tout simplement. Tous ceux qui font une foule de petites choses à l’intention des autres, sans attendre de reconnaissance en retour.
De ceux-là, il y en a. Ils sont discrets et sont d’autant plus des héros qu’ils ne s’en vantent jamais. Ainsi, on ne leur écrira pas d’articles, ne leur dédiera jamais de biographies ou de films. Ils ne gagneront pas de trophées, pas de médailles. Ils ne feront pas l’objet d’un hommage dans un quelconque gala. Non, mais à ceux qui font tout le contraire, qui deviennent des d’hommes d’affaires fortunés, des politiciens puissants, des d’artistes prodigieux ou des sportifs triomphants, oui. Ceux qui réussissent en apparence, on les prendra et les citera en exemple. On en fera des modèles. On en parlera, on les enviera. Ceux qui auront sacrifié tout pour leur propre gloire, leur propre réussite, ceux qui, par égoïsme, auront fait seulement ce qui leur plaît, ceux-là, ceux-là marqueront les esprits. Ceux-là laisseront leur marque.
Eh bien, jamais je ne ferai partie des deuxièmes. Jamais je ne voudrai être de ce groupe. Et j’espère, à force de persévérance, réussir à faire partie du premier groupe car ce sont ces valeurs qui méritent d’être poursuivies. Et si on doit trouver des héros à célébrer, c’est parmi les premiers que nous devrions chercher. Et si, parmi ce premier groupe, des hommes ont réussi à faire partie des deuxièmes sans jamais quitter le premier groupe, en privilégiant toujours et avant tout les valeurs du premier groupe, alors je serais d’accord pour en faire des héros. Mais je doute qu’il en existe car faire partie du premier groupe est bien plus difficile que de réussir à faire partie du deuxième.