Même avec les meilleures intentions du monde, c’était mal parti. Un faux départ comme il ne s’y attendait pas. Car c’était ça son erreur, ce n’était pas un départ. C’était une continuité. Déménager, changer de milieu n’allait pas faire de lui une nouvelle personne. Les gens ont eu tôt fait de deviner la nature de sa personnalité: timide, renfermé et, il faut bien le constater, insipide. Nonobstant ses efforts pour amorcer les conversations et même, parfois, des bouts de vie inventés pour se rendre plus intéressant, on devinait quand même, après un certain temps, le vide de sa vie. Pas de conjointe, pas d’enfants, pas de sorties. Pas de passe-temps, à moins que rentrer à la maison en soit un, pas de vice, pas de défaut. Des qualités certes, mais rien d’exceptionnel. Bref, un gars sans histoire, qui n’intéresse personne. Sa nouveauté de nouvel arrivant fut de courte durée et il reconnu aussitôt la situation qu’il avait laissé derrière en déménageant. Ce n’était pas le milieu le problème, c’était lui.